Le ministère du Travail, de l’Emploi, de la Formation professionnelle et du Dialogue social (DGEFP), organisateur de la Journée des initiatives territoriales pour l'emploi, qui s'est déroulée le 28 juin 2016 au Pan Piper, dans le 11e arrondissement de Paris, a retenu notre participation aux côtés de 44 autres initiatives innovantes menées dans toute la France.
Au Comptoir du développement consacré à l’appui aux TPE / PME, nous avons présenté la consolidation et les ajustements en cours du service de remplacement pour des disquaires et des libraires parisiens, créé il y a un an, et abrité à titre expérimental, au sein du groupement d’employeurs, Paris Culture. La gérante de la librairie "A Livr’ouvert", utilisatrice du service de remplacement depuis sa création, est venue témoigner.
Retrouvez ci dessous les points clés de cette communication.
Points de repère
Mai 2015 : création d’un service de remplacement à l’appui du modèle des services de remplacement agricoles, pour permettre à des gérants (disquaires, libraires), seuls dans leur commerce, travaillant parfois 80 heures par semaine et n’ayant pas les moyens d’embaucher, de se faire remplacer pour tout motif prévisible ou non (week-end, congés, formation, motif professionnel (se rendre à un salon) accident, maladie)) ou d’être appuyés ponctuellement, en tant que de besoin, par un pool de vendeurs - collaborateurs remplaçants qualifiés.
Un partenariat opérationnel avec un groupement d’employeurs, Paris Culture (GEPC), positionné au départ sur la filière musicale, qui n’avait pas été créé pour faire du remplacement mais a accepté d'abriter à titre expérimental, la création d’un service de remplacement et pour lequel la MEP était apporteur d’affaires par la prospection des disquaires et des libraires, leur mobilisation sur un volume de jours de remplacement / d’appui ponctuel, leur adhésion au GE et l’appui à la création de postes de vendeurs - collaborateurs remplaçants au sein du GE.
A juin 2016, 2 disquaires et 11 libraires utilisateurs du service de remplacement et adhérents au GE Paris Culture, 4 créations de poste de vendeurs collaborateurs remplaçants recrutés en CDI ou CDD à temps partiel par le GE Paris Culture (dont l’un à un mi-temps) et une rupture conventionnelle.
Le GE Paris Culture reçoit les demandes de remplacement ou d’appui de la part des disquaires, libraires, gère l’agenda partagé, assure la gestion administrative et RH du pool de vendeurs - collaborateurs remplaçants et facture les entreprises utilisatrices.
Témoignage de Magali Garnero, gérante de la librairie "A Livr'ouvert"
"J'avais une salariée qui est partie brutalement fin 2014. Trois semaines après, Nathalie Roux venait dans ma librairie et m'expliquait que la Maison de l'emploi de Paris souhaitait créer un Service de remplacement pour des libraires. Plutôt que de recruter à nouveau, je me suis dit : pourquoi ne pas essayer ? Nous avons démarré à 3 libraires, puis nous avons été 6, 9 et 11 depuis cette année. Nous avons recruté une première remplaçante qui était une personne expérimentée, qui avait travaillé 25 ans comme vendeuse en librairie, qui était compétente, a été formée dans le cadre du Service de remplacement à l'utilisation de nos outils de gestion (Librisoft, Médialog) et ça s'est très bien passé. Elle est venue me remplacer lorsque j'allais à des salons professionnels. Aujourd'hui, nous avons un pool de 2 remplaçants, l'un comme l'autre peuvent intervenir dans ma librairie et cela se passe très bien aussi. Nous nous réunissons avec les autres libraires 2 à 3 fois par an pour échanger sur nos pratiques et réfléchissons à la façon de partager nos outils."
Motifs du recours et enjeux du service de remplacement
A un an, 76 % des demandes des libraires concernent du remplacement et 24 %, de l’appui ponctuel pour surcroît d’activité.
La demande des gérants de librairie concerne principalement le remplacement de salariés pendant leurs congés et leur propre remplacement pour prendre du temps pour soi (week-end, congés). Récemment, une libraire a utilisé le service de remplacement pour pouvoir se rendre à une rencontre professionnelle sur la création d’une candidathèque visant l'organisation et la régulation du recrutement en librairie, autre projet que nous menons en place dans le cadre d’une sollicitation de Paris Librairies. Chez les disquaires, se dégager du temps pour soi est un motif important, mais également se rendre à des salons professionnels, voire développer une activité professionnelle connexe.
Et c’est bien ce qui rejoint les enjeux initiaux du projet que nous avons élaboré fin 2013 alors que les pouvoirs publics (DIRECCTE Île-de-France, Unité territoriale de Paris, Ville de Paris, ministère de la Culture et de la Communication, syndicat de la librairie française, Calif, Agefos PME) s’interrogeaient sur le devenir des commerces culturels de proximité, sur les façons de soutenir ces TPE à l'équilibre économique fragile et de professionnaliser gérants et salariés de ces commerces qui sous-utilisent les dispositifs de professionnalisation via la formation.
Nous avons donc conçu, à la demande de la DIRECCTE Île-de-France, Unité territoriale de Paris et dans le cadre d’une réponse à appel à projets, un programme de soutien au développement économique, de l’emploi et des compétences des commerces culturels de proximité, qui a été également soutenu et cofinancé dès l'origine, par le Conseil régional d'Île-de-France (PDELC) et dont fait partie l'expérimentation sociale du service de remplacement qui doit devenir un levier de développement économique et de professionnalisation pour les gérants et leurs salariés.
Le service de remplacement : un levier de développement économique et de professionnalisation des gérants et salariés de librairie
Pour faire du service de remplacement, un levier de développement économique pour les disquaires, les libraires mais aussi pour le GE Paris Culture qui abrite le service à titre expérimental, il faut :
- Ne pas se tromper de finalité ou inverser la finalité : le développement de l'emploi est un effet et non une finalité
C’est bien une logique de service aux gérants de TPE (répondre à des besoins de remplacement ou d’appui ponctuels pour des motifs prévisibles ou non) qui est première et non une logique de développement de l’emploi (réunir des entreprises pour construire un emploi comme le fait un GE classique). Le service de remplacement peut permettre aux gérants d'imaginer une amplitude supérieure des horaires d'ouverture de leur commerce, qui doit impacter positivement leur chiffre d'affaires.
C’est bien le développement d’un vivier, pool de remplaçants qualifiés qui peut permettre de répondre à des demandes de jours qui se chevauchent et à des demandes de remplacement imprévisibles (accident…). C’est bien le développement du nombre d’entreprises utilisatrices qui doit permettre d’augmenter le temps de travail des salariés mis à disposition (aller vers du CDI à temps plein si les salariés mis à disposition le souhaitent) et non un groupe fermé d’entreprises utilisatrices qui doivent prendre un nombre de jours suffisant dans l’année pour fournir un temps plein aux salariés mis à disposition.
- Bien positionner le service de remplacement au sein du GE Paris Culture pour qu’il trouve pleinement sa place sur le plan juridique, de son modèle économique et de ses règles de fonctionnement par rapport au fonctionnement classique du GE
Le GE Paris Culture n’a pas été créé pour faire du remplacement. Par ailleurs, les groupements d’employeurs agricoles, service de remplacement, bénéficient d’un agrément service de remplacement délivré par l’Inspection du travail, les autorisant à effectuer du remplacement et de déroger au fonctionnement classique d’un groupement d’employeurs. Le GE Paris Culture souhaite mettre en place l’annualisation du temps de travail par accord d’entreprise (lui permettant de proposer des CDI annualisés), bâtir le dossier de demande d’agrément service de remplacement et le soumettre à la DIRECCTE Ile-de-France
- Rendre incitatif le service de remplacement par la solvabilisation du service selon le motif de recours
Par exemple, proposer aux gérants et salariés de librairie, des remplaçants qualifiés pendant qu'ils se forment (Job rotation) et à un moindre coût, rendrait incitatifs l’accès à la formation et pourrait faire du Service de remplacement, un levier de professionnalisation des gérants et des salariés de librairie.
Perspective d'essaimage du service de remplacement et construction d'une offre de service RH mutualisée pour les libraires à Paris
Notre cadre expérimental d’intervention s’achève fin 2016 après notre évaluation des motifs du recours au service de remplacement et de son usage par les disquaires et les libraires, l’analyse de l’impact économique sur ces commerces, de l’impact social sur le gérant et l’analyse du fonctionnement du service de semplacement au sein du GE Paris Culture pour mettre à jour les conditions de réussite d’un essaimage, avec la double ambition en 2017 de :
- Travailler à l’essaimage du service de remplacement, à d’autres secteurs composé de TPE, notamment les commerces qui sont une des caractéristiques du tissu économique parisien.
- Travailler à la construction d'une offre de services intégrée / offre package d’un service RH mutualisé pour les libraires à Paris
- Un service de remplacement au sein du groupement d’employeurs Paris Culture pour des libraires et des disquaires
- Une candidathèque, vivier de compétences qualifié par les libraires et à leur main, pour organiser et réguler le recrutement en librairie, avec Paris Libraires
- Un job rotation pour organiser le remplacement de salariés de librairie partis en formation, en lien avec l’Institut national de formation de la librairie et l’OPCA, Agefos PME