Pendant la crise sanitaire, des dirigeants constatent que des salariés quittent l’entreprise alors qu’ils ont mis en place l’activité partielle et qu'au moment de la reprise économique de septembre 2021, certains éprouvent des difficultés à revenir travailler en « présentiel » comme nous le disons aujourd’hui. Les confinements ont conduit des salariés à réfléchir à leurs conditions de travail, à ce qui leur tient à cœur dans la vie et certains ont « sauté le pas » pour changer d’entreprise, de métier, de lieu de résidence.
62,5 % des 54 dirigeants d'hôtels, cafés, restaurants et d'entreprises de l'événementiel interviewés ont connu des départs de salariés pendant la crise sanitaire, soit 148 personnes dont 23 % de démissions, cette modalité arrivant avant les licenciements ou les ruptures conventionnelles. Et ce qui a tendu fortement les choses au moment de la reprise économique de septembre 2021 est le fait que les entreprises ne réussissaient pas à compenser les départs et rencontraient des difficultés de recrutement.
Aux Etats-Unis, plus de 38 millions de personnes ont quitté leur travail en 2021 pour trouver un poste mieux rémunéré ou un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle. 40 % d’entre eux qui n’avaient pas trouvé un autre emploi quand ils ont franchi le pas (Le Monde, janvier 2022).
Mettre en place des actions concrètes pour fidéliser ses salariés est, plus que jamais, un enjeu pour les dirigeants, gérants d’entreprise. C’est pourquoi nous avons souhaité organiser une session d'information présentant des solutions concrètes pour fidéliser les salariés et développer l'engagement collaborateur.
Françoise FELISSI, Avocat au Barreau de Paris depuis 1998, spécialisée en droit du travail et de la sécurité sociale
J'accompagne des entreprises de petite et moyenne tailles sur toutes leurs problématiques de droit du travail et de droit de la Sécurité sociale (établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes, structures d'aide à domicile, hôtels, cafés, restaurants, artisans plombiers, menuisiers, commerçants, sociétés de services informatiques...).
Pour fidéliser ses salariés, un certain nombre d'outils juridiques existent dans le Code du travail. Ils sont souvent méconnus mais sont pourtant de vrais outils pour aider les entreprises même de très petite taille, à conserver leurs collaborateurs.
Créer un environnement de travail favorable
- Fournir les équipements de travail : chaussures de sécurité dans le secteur du bâtiment, gants et des masques pour des esthéticiennes, outils permettant de déplacer des personnes dépendantes dans l'aide à domicile ou des objets lourds dans la manutention (transpalettes). Dans les activités tertiaires, penser à l'ergonomie du poste de travail (fournir un écran d'ordinateur suffisamment large, une souris, un clavier ergonomique pour limiter les douleurs au poignet ou au canal carpien, un siège, un élévateur pour les pieds).
- Aménager un coin repas : toutes les entreprises ne disposent pas d'une salle permettant de créer un vrai espace pour déjeuner. Penser à diviser un petit espace avec un rideau et à mettre dans l'un, un four micro-ondes, une machine à café.
- Proposer une décoration soignée
Proposer des avantages sociaux
Dans une entreprise de petite et moyenne taille, les marges de manoeuvre pour augmenter les salaires peuvent être étroites. Penser à proposer des avantages sociaux.
- Congé paternité : légalement, le congé paternité est de 25 jours ouvrables. Le chef d'entreprise peut améliorer l'existant légal en proposant 1 ou 2 jours de plus et maintenir le salaire intégralement.
- Tickets restaurants ou indemnité repas.
- Achat de places en crèche : des crèches privées proposent aux employeurs d'acheter des places.
- Frais de transport (en commun ou frais d'essence) : le Code du travail oblige l'employeur à financer la moitié du Pass Navigo en Île-de-France mais l'employeur peut augmenter le montant de sa prise en charge pour les bas salaires par exemple.
- Activités culturelles et cadeaux : possibilité de proposer une sortie avec ses salariés, offrir des chèques cadeaux...
Point de vigilance : penser à vérifier avec son cabinet d'expertise comptable, quelles seront les répercussions au niveau des cotisations sociales, de l'imposition.
Dans le cadre d'un recrutement, les avantages sociaux proposés peuvent être mentionnés sur l'offre d'emploi pour attirer des candidats.
"Soigner" la rémunération
- L’employeur doit respecter les minimas sociaux et le SMIC. Il faut vérifier si une convention collective existe dans son secteur d'activité et s'il existe un minima conventionnel qui fixera le salaire de base.
- Chaque fin d'année ou en milieu d'année, un entretien annuel avec chacun de ses salariés permet de faire le point sur les tâches demandées, les objectifs réalisés ou pas, les attentes des salariés et les attentes de l'employeur. Lors de cet entretien, penser à faire un point sur la rémunération, sur les avantages mis en place. Il est important de prévoir régulièrement une petite augmentation, même modeste.
- Les primes : le plus facile à mettre en place. Conserver le niveau de rémunération de base mais attribuer des primes (prime de fin d'année, prime lors des congés) afin de récompenser et de motiver les salariés. Il faut le concrétiser, le formaliser par écrit sur le bulletin de salaire et avec un courrier ou un email pour informer les salariés. Il est aussi possible de verser une prime de manière récurrente (prime contractuelle) qu'il faut prévoir dans le contrat de travail.
- Il est aussi possible de décider de prendre en charge un certain nombre de frais professionnels (frais de déplacement par exemple).
Encourager la formation
- Outre l'obligation légale de former ses salariés, la formation est importante pour l'employeur : former ses salariés peut limiter le souhait des salariés de quitter l'entreprise.
- Pour le salarié : être bien formé lui permet de mettre à jour ses connaissances et les compétences de son cœur de métier, de protéger sa santé, sa sécurité…
- Ne pas oublier que chaque salarié dispose de son compte professionnel de formation qui est monétisé. Et c’est une obligation de le rappeler aux salariés.
- La validation des acquis par l'expérience (VAE) : pour les salariés qui n'ont pas de diplôme et qui ont tout appris en travaillant, la VAE permet de valoriser leur expérience professionnelle et de l'objectiver par l'obtention d'un diplôme.
Proposer des évolutions internes
Dans les petites entreprises ou dans les commerces, les employeurs peuvent difficilement penser à la gestion de carrière, faute de poste ou de service de ressources humaines.
- Le salarié a pourtant besoin de se projeter dans une évolution au sein de l’entreprise.
- Et c’est à l’employeur de détecter le potentiel de développement des collaborateurs en vue d'une évolution.
- Dans cette perspective, il peut faire évoluer les fonctions, rédiger un avenant au contrat de travail et lui verser une rémunération supplémentaire ou une prime, corrélée à des objectifs.
Les bénéfices :
- Pour le salarié : il se sent valorisé, reconnu. Cette récompense pour son travail, sa loyauté vont conforter son engagement.
- Pour le gérant, pour l'employeur : il peut compter sur ce salarié, déléguer des tâches. Tout ce qui lui permet d'avoir plus de temps pour réaliser le développement commercial, des partenariats est un bienfait pour l'entreprise. Dans cette optique, même dans une petite entreprise, l’employeur peut faire évoluer ses collaborateurs pour développer son entreprise.
Veiller à l'équilibre entre vie professionnelle et vie privée
- Si l'activité le permet, mettre en place une charte de télétravail.
- Formaliser le télétravail soit par un avenant au contrat de travail, soit par une note de service affichée dans l'entreprise. La charte de télétravail doit être déposée auprès du Conseil de prud'hommes et de l'inspection du travail.
Le télétravail doit répondre à des règles précises par rapport à la durée du temps de travail :
- A quelle heure le salarié doit-il se connecter ?
- Est-ce qu'il doit se connecter avec son employeur, le matin ou l'après-midi ?
- Combien d'heures doit-il se connecter ?
- Quels sont les outils mis en place ? Est-ce que l'employeur les fournit ?
- Quel est le montant remboursé aux salariés (frais d'électricité, téléphone, internet...) ?
Ces règles permettent de professionnaliser et de sécuriser les pratiques du télétravail.
Pour améliorer la conciliation entre vie privée et vie professionnelle, il faut en parler lors de l'entretien annuel :
- Interroger les salariés sur leurs contingences privées personnelles (accompagner les enfants à l’école...).
- Possibilité de proposer un temps partiel en respectant le code du travail (24 heures par semaine au minimum sont obligatoires), de travailler le week-end (vérifier si le travail du dimanche est possible).
- Adapter les horaires.
Valoriser son image de marque et créer des actions de Responsabilité sociétale des entreprises (RSE)
Valoriser l'image de son entreprise est important pour les salariés mais aussi pour son environnement. Et quand on rencontre des difficultés de recrutement, valoriser son image de marque est un atout. Cela peut être réalisé :
Par des partenariats
- Avec des écoles pour recruter des stagiaires.
- En s’adressant aux CFA (Centre de formation d'apprentis), source de futurs salariés.
- En se rendant dans les écoles lors des portes ouvertes afin de faire connaître son entreprise, ce qui est proposé comme avantages afin de donner envie de rejoindre l'entreprise.
Par la communication
- Digitale : si vous avez un site internet, rappeler que vous avez noué des partenariats, que vous êtes présent sur des salons professionnels. Aujourd’hui, il est très facile de créer un site internet avec des outils comme Wordpress.
- Proposer des « after work » à ses salariés pour prendre un verre dans l'entreprise, inviter des clients, des partenaires…
- Relations publiques presse, création d'un événement : organiser un petit déjeuner tous les 6 mois avec vos salariés, vos clients, vos partenaires.
- Proposer une visite de votre entreprise à des jeunes, des collégiens, des apprentis.
- La « marque employeur » est liée à l'identité de l'entreprise, c'est-à-dire à ce qu'elle dégage, aux valeurs qu'elle porte et permet de donner une image positive de l’entreprise à ses salariés, sa clientèle, ses fournisseurs. Réaliser une action pro bono comme un don à des associations est à la portée de tous qui apporte un plus à l’entreprise.
Par la participation à des salons professionnels
C'est un moyen de faire connaître son entreprise et de donner envie de venir travailler dans son entreprise.
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