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SARH TPE / PME : Savoir gérer sa trésorerie : un enjeu vital pour mener son activité, faire face aux difficultés conjoncturelles et financer sereinement son développement

Logo Service d'appui RH aux TPE PMELa crise sanitaire a entraîné une baisse d’activité d'entreprises de certains secteurs et certaines d’entre elles ont fait face à un manque de trésorerie. La guerre en Ukraine affecte la rentabilité de certaines entreprises avec l’augmentation des coûts de production, les tensions sur les matières premières et peut amener une forte baisse du résultat.  Par ailleurs, quand l’activité d’une entreprise se développe, elle peut avoir besoin d’augmenter son fonds de roulement… 

Autrement dit, qu’il s’agisse de mener à bien son activité, de faire face à des difficultés conjoncturelles ou de financer son développement, une entreprise doit disposer de ressources financières stables, c’est-à-dire avoir de la trésorerie.

Dès lors, avoir un suivi précis, régulier de sa trésorerie et de ses flux prévisionnels sont vitaux pour pérenniser son activité, financer son développement mais aussi rassurer ses partenaires bancaires et négocier de bonnes conditions financières… 

C’est la deuxième session d’information que nous consacrons à ce sujet. La 1ère a été organisée il y a 3 mois et nous avons à nouveau convié Eric CHASSELOUP, Responsable relations entreprises à la Banque de France pour nous rappeler ce qu’est la trésorerie, quelques notions de comptabilité dont celle de flux, expliquer comment calculer la trésorerie et comment mettre en place un plan de trésorerie mais aussi indiquer quels sont les obstacles à éviter et les actions simples à mettre en place pour optimiser sa trésorerie. 

Logo Banque de FranceEric CHASSELOUP, Responsable relations entreprises

Je fais partie d'une équipe qui travaille en contact direct avec des dirigeants d'entreprise, des créateurs 

Dans le cadre d'une activité de cotation, nous nous intéressons aux entreprises qui ont plus de 750.000 euros de chiffre d'affaires. Par ailleurs, nous nous intéressons à toutes les autres entreprises, y compris les plus petites, quels que soient le secteur d'activité, la filière.  

Je gère avec une équipe d'analystes financiers, un portefeuille d'entreprises situées dans les Hauts-de-Seine et à Paris, ce qui représente quelques dizaines de milliers d'entreprises.  

La trésorerie, le carburant de l'entreprise

A l'occasion du premier confinement en 2020, nous avons constaté l'importance de la gestion de trésorerie dans une entreprise. Cela peut paraître une évidence mais bon nombre d'entreprises de notre portefeuille ne sont plus là pour en parler aujourd'hui car elles ont disparu, faute de trésorerie notamment.

La crise sanitaire et la crise économique actuelles ont mis en exergue l'importance d'un suivi de trésorerie au sein de votre entreprise, quel que soit votre secteur d'activité, votre taille sachant que les plus petites entreprises sont particulièrement exposées. D'où le sujet d'aujourd'hui : la gestion de la trésorerie, la gestion de la liquidité de l'entreprise.  

La trésorerie, c'est de la liquidité, c'est le porte-monnaie de l'entreprise pour les dépenses courantes. C'est le solde sur le compte courant en général. 

La trésorerie sert à financer l'exploitation au quotidien et à payer tout ce qu'il y a à payer.  

La trésorerie, c'est du bas de bilan, à l'actif de l'entreprise. On la retrouve, en passif, en bas de bilan à travers les découverts.

A ne pas confondre : la trésorerie et les fonds proposes, la trésorerie et le capital social.

Quand vous manquez de trésorerie pour faire face à vos dépenses au quotidien, c'est toujours compliqué. Pendant la crise sanitaire, les premiers établissements impactés ont été les restaurants, les bars, les établissements de nuit. Avec le confinement, ces établissements étaient fermés donc il n'y avait plus de clients, aucune recette et pour autant, des charges fixes étaient à payer. Nous avons eu beaucoup de restaurateurs locataires dont le bailleur continuait à demander le paiement de son loyer. Il y a eu les prêts garantis par l'Etat, le fonds de solidarité mais ceux qui ont pu résister dans la durée sont ceux qui avaient un minimum de trésorerie, de disponibilité en cash, d'espèces. 

La trésorerie, c'est le carburant de l'entreprise. C'est comme pour chaque particulier, pour faire face à ses dépenses, il faut s'assurer d'avoir suffisamment d'argent sur notre compte courant. 

La gestion de trésorerie, c'est suivre au quotidien et avoir de la visibilité sur les flux entrants et sortants de l'entreprise 

La trésorerie, c'est la gestion au quotidien, c'est savoir gérer les flux de trésorerie, les flux entrants de recettes et les flux sortants, les charges.

Idéalement, il faut toujours avoir un peu de trésorerie positive. Dans la réalité, ce n'est pas toujours évident mais nous connaissons beaucoup d'entreprises qui fonctionnent en besoin de fonds de roulement. 

Il faut donc assurer ce suivi minimum de trésorerie ou faire assurer ce suivi. Le comptable, le contrôleur de gestion peut le faire. Pour des petites entreprises, il est possible d'externaliser la fonction.

Il s'agit d'avoir un suivi au quotidien mais aussi d'avoir un minimum de visibilité sur ce que va être votre trésorerie dans les semaines et les mois à venir. C'est ce qu'on appelle un prévisionnel de trésorerie.   

Le prévisionnel de trésorerie est une anticipation mais il est lié au suivi régulier de la trésorerie. Si vous assurez un suivi quotidien de votre trésorerie, vous avez un minimum de visibilité sur l'avenir, en matière de flux, de rentrées d'argent et en matière de sorties d'argent. 

Il m'arrive d'échanger avec des chefs d'entreprise qui m'assurent n'avoir aucune visibilité sur les mois à venir, sur leur activité, sur la réaction de leur clientèle. Ce n'est pas rassurant. Ce sont souvent des chefs d'entreprise qui se reposent sur d'autres ou qui n'ont pas bien suivi toute l'importance d'un suivi de trésorerie au quotidien, chronophage certes mais essentiel.   

Le plan de trésorerie : ne pas s'en faire une montagne...

Le plan de trésorerie, c'est relativement intuitif et simple à mettre en place. Le suivi de trésorerie peut être chronophage au moins au départ. Une fois qu'il sera mis en place, cela deviendra assez naturel et prendra de moins en moins de temps.  

Il existe de nombreux logiciels qui peuvent vous aider dans la gestion de trésorerie. 

Tout part de la comptabilité...

La comptabilité, c'est le bilan, le compte de résultat et l'annexe, la liasse fiscale va vous permettre d'assurer le suivi de votre trésorerie.  

En comptabilité, on a le bilan. C'est le patrimoine de votre entreprise, bilan équilibré évidemment, actif = passif. C'est la photographie du patrimoine, c'est-à-dire de ce que possède et de ce que doit votre entreprise à l'instant t. En général, il est arrêté au 31 décembre de chaque année mais nous avons des entreprises qui l'arrêtent au 31 mars, au 30 juin ou à fin septembre.   

Vous faites votre bilan : ce que vous possédez à l'actif, ce que vous devez au passif et la différence entre les deux est ce qui donne le patrimoine net de l'entreprise. 

A l'actif, en bas de bilan, on trouve votre trésorerie et au passif, ce qu'on appelle la trésorerie passive, ce sont les découverts.  

Les découverts, il ne faut pas s'en effrayer. Nous avons des entreprises qui gèrent avec des découverts autorisés mais qui gèrent avec un découvert en permanence. C'est tout à fait entendable, gérable et classique. L'idée est que le découvert soit apuré et ne "gonfle" pas indéfiniment et de façon, disproportionnée. Ne pas perdre de vue quand même qu'un découvert autorisé coûte cher mais un découvert autorisé reste une souplesse dans votre suivi de trésorerie, donc pourquoi s'en priver...

Le compte de résultat fait partie de la liasse fiscale et des états comptables obligatoires. Il est en 3 niveaux : il y a l'exploitation, le financier et l'exceptionnel. Ce qui intéresse votre banquier, c'est le premier niveau, soit le résultat d'exploitation, le REX, la différence entre vos produits d'exploitation et vos charges. Ensuite, il va s'intéresser au résultat financier et à l'exceptionnel mais le résultat d'exploitation est en fait, assez parlant.

A noter qu'on a parfois des confusions entre les notions : le chiffre d'affaires n'est pas le bénéfice et la trésorerie n'est pas le résultat. Evidemment, la trésorerie et le résultat sont liés mais ce n'est pas la même chose.  

Le calcul de la trésorerie est simple. C'est la différence entre le fonds de roulement et le besoin en fonds de roulement. C'est contre-intuitif car lorsque l'on parle de BFR, de besoin en fonds de roulement, si votre BFR est positif, c'est qu'en fait, vous avez des sorties d'argent avant de disposer de vos recettes. Vous avez un flux sortant qui est plus important que votre flux entrant. C'est une question de temporalité. Ce n'est pas dramatique. Cela signifie que vous avez besoin de sortir de l'argent de l'entreprise avant que de l'argent "rentre" dans la trésorerie de l'entreprise. D'où tout l'intérêt de la gestion et la délicatesse que cela requiert.   

La trésorerie = fonds de roulement - besoin en fond de roulement (BFR)   

Le fonds de roulement, s'il est positif, c'est que vous avez de la liquidité et de la trésorerie à disposition. Si le besoin en fonds de roulement est positif, c'est l'inverse.

J'ai, dans mon portefeuille, une majorité d'entreprises qui fonctionnent en besoin en fonds de roulement. Le tout est de savoir le gérer.

Le cycle d'exploitation : on parle de suivi de trésorerie, de besoin en fonds de roulement et de décalage entre ce que vous "sortez" et ce que vous allez "rentrer" plus tard. On évoque l'aspect client, les fournisseurs car tout ce qui est suivi de trésorerie va être intimement lié aux délais de règlement des clients et aux délais dans lesquels vous payez vos fournisseurs. Et n'oubliez pas les stocks car avoir des stocks, c'est bien mais cela coûte cher et cela immobilise de l'argent.

Les créances clients - les dettes qui sont de l'argent que vous devez mais que vous avez à disposition tout de suite et que vous rembourserez plus tard. Cela va plutôt dans votre sens. 

Le BFR = vos stocks - vos créances clients. C'est de la trésorerie à venir - vos dettes. 

Pendant le cycle d'exploitation de l'entreprise, l'utilisation de la trésorerie donc les stocks (ni trop, ni trop peu) qu'il faut savoir gérer (savoir gérer son niveau de stock) car gérer ses stocks de manière optimale, c'est savoir gérer sa trésorerie. Quand on stocke, on ne sait jamais quand exactement, le stock va être vendu alors que pour le flux sortant, payer vos fournisseurs, vous savez quand vous devez les payer.     

Les utilisations = créances client. Certains paient comptant, d'autres à 30, 60 jours. Ils vous paieront mais vous paieront plus tard et dans cette attente, vous continuez à sortir de l'argent.

Le point important, c'est de suivre les règlements client et assurer une relance clientèle quand il y en a besoin. L'aspect relance clientèle, ce n'est pas le contentieux, c'est l'étape qui consiste à s'assurer que vos clients vous paient bien en tant et en heure comme prévu. Tout cela se discute mais tout client qui ne paie pas comptant, c'est de l'argent qui arrivera plus tars dans vos caisses. La relation client, c'est une souplesse dans la gestion de votre activité mais si tous vos clients vous paient à 90 jours, cela devient compliqué. A la Banque de France, nous avons été saisi par le ministère de l'économie sur le sujet des délais de paiement et nous menons une action de sensibilisation auprès des grands groupes pour qu'ils paient en tant et en heure, leurs fournisseurs qui sont de plus petites entreprises. Nous les sensibilisons au fait de ne pas abuser du prolongement des délais de règlement. C'est un sujet crucial. Il y a des fournisseurs qui disparaissent car leurs clients ne les paient pas en tant et en heure. Il ne faut pas habituer vos clients à payer à 90 jours. Relancer ses clients, c'est délicat mais il y a nécessité de le faire s'il y a un dérapage. La gestion de la relation client avec le respect des délais de règlement est donc importante. 

On enlève à cela, les délais de fournisseurs car, de votre côté, vous pouvez avoir négocié des délais de règlement avec vos fournisseurs.

A contrario, vous avez les flux entrants : les capitaux propres, vos emprunts potentiels, le résultat net. Le résultat net, les associés, actionnaires peuvent le garder ou en réinjecter tout ou partie dans l'entreprise. La partie réinjectée, ce sont les capitaux propres et plus ils sont importants, plus cela rassure les investisseurs, les banquiers, et plus cela permet de démontrer la solidité de votre bilan. Au quotidien, vous utilisez votre trésorerie mais les capitaux propres sont regardés de très près. En général, votre banquier va s'intéresser à vos capitaux propres assez rapidement, en plus de s'intéresser à votre trésorerie.        

Les emprunts, le résultat net et les immobilisations : tout cela constitue le fonds de roulement. 

Si vous avez des flux entrants qui sont supérieurs en permanence aux flux sortants, vous avez une trésorerie positive. C'est plutôt confortable même si une fois de plus, j'ai des entreprises qui fonctionnent en BFR positif (votre besoin est positif) de façon permanente et qu'il convient de maîtriser. 

Ne pas confondre : le fonds de roulement positif, vous avez de la trésorerie. Le BFR positif, c'est votre besoin qui est positif.  

Il y a des entreprises qui ont des problèmes de riches : elles ont une trésorerie abondante. Si vous avez trop de trésorerie non utilisée, cela paraît étrange car elle est faite pour payer vos besoins au quotidien. Si vous générez beaucoup de trésorerie par votre activité, il faut en placer une partie. Vous pouvez placer la trésorerie excédentaire de votre entreprise sur des supports financiers de votre choix. L'idée, c'est de suivre votre trésorerie au plus près et de savoir quelle partie, quelle proportion de votre trésorerie vous allez utilisez pour l'exploitation et la partie que vous allez placer. C'est aussi l'intérêt d'un suivi de trésorerie.   

La gestion de trésorerie au quotidien, c'est vous assurez que vous ne manquez pas de liquidités au quotidien et si vous avez beaucoup de trésorerie, savoir quelle partie vous allez placer sans peser sur l'exploitation.

Un plan de trésorerie, c'est un tableau de trésorerie.     

Il faut tout présenter : les flux d'exploitation (la gestion courante), les flux d'investissement et les flux de financement (emprunts). C'est réalisé à partir du compte de résultat pour voir ce qui entre et sort de la caisse. Pour 2022, vous faites votre tableau de trésorerie et vous voyez ce qui s'est passé et cela vous permet d'extrapoler votre plan de trésorerie 2023. Vous regardez si votre activité augmente, si votre portefeuille de clients augmente... Ce sont des estimations, des évaluations, des prévisions. Il s'agit d'un exercice qui n'est pas évident mais indispensable.

En général, le plan de trésorerie est réalisé sur un an, décomposé mois par mois. Au fur et à mesure du déroulement de l'année, vous voyez si vos estimations sont justes. Vous faites vivre les indicateurs du tableau de trésorerie. S'il y a eu un événement difficilement prévisible, vous pouvez être loin de vos prévisions. S'il n'y en a pas eu et que vous êtes loin de vos prévisions, il y a des questions à se poser. Pourquoi je suis loin de mes prévisions ? Par exemple, pourquoi ai-je perdu de la clientèle ou pourquoi j'ai eu plus de clients, pourquoi ce produit ne se vend-il plus ou au contraire, pourquoi j'ai vendu davantage ce produit ? etc... Ainsi, en assurant un suivi régulier de la trésorerie, mensuellement, cela vous permet de vous poser les bonnes questions et, à tout le moins, de comprendre la situation voire de rattraper les choses en cas de problème. Le suivi de trésorerie ne sert pas seulement à voir ce qu'il vous reste à chaque fin de mois dans les caisses de l'entreprise. Cela sert aussi à vous assurer de la pertinence de votre busines model. 

Quand vous l'élaborez pour la première fois, la difficulté est de ne rien oublier. Il faut faire du ligne à ligne sur vos recettes et du ligne à ligne sur vos charges. En établissant un plan de suivi de trésorerie, vous pouvez voir que vous sous-estimiez certaines charges. Comme vous vous intéressez à tous vos flux, vous pouvez vous rendre compte que telle charge est plus importante ou moins importante que ce que vous pensiez. Cela permet de vous interroger sur les flux, sur votre activité, sur votre business model. 

Pour vous aider, il y a pléthore de solutions sur le marché. Il y en a qui sont très bien faites, plus ou moins complexes. Quel que soit votre activité, votre taille, il faut un suivi de trésorerie.     

Le tableau de trésorerie le plus simple : vos recettes - vos charges dans l'année, mois par mois = votre solde en début de période et votre solde en fin de période.  

Le plan de trésorerie pour rassurer son banquier... 

Il y a des gens qui sont passionnés, qui ont créé leur entreprise, ils sont "la tête dans le guidon" au quotidien et ont perdu de vue cette gestion des comptes.

Votre tableau de trésorerie s'adapte, en fonction des demandes de votre banquier si vous souhaitez demander un prêt par exemple. Cela permet d'échanger avec le banquier. Retenez qu'il a une approche risque. Est-ce que si vous lui empruntez de l'argent, vous serez capable de le rembourser ? Il va avoir une vision gestion de votre trésorerie à travers ce tableau et verra que vous suivez votre affaire et que vous avez réfléchi à l'avenir de votre trésorerie. Quand il voit un tableau de trésorerie bien tenu, périodiquement et proche de la réalité, cela rassure le banquier.

Le prévisionnel de trésorerie est un exercice qui doit devenir une seconde nature

Le prévisionnel de trésorerie est systématiquement demandé par vos partenaires bancaires si vous allez solliciter un prêt. C'est donc un exercice qui doit devenir une seconde nature. 

Si vous lui présentez un prévisionnel de trésorerie, c'est que vous avez réfléchi à l'avenir de votre entreprise, à vos produits, à votre développement commercial, à votre croissance externe, interne... ou pas. Le suivi de trésorerie est une réflexion globale au quotidien, de votre business, de votre activité.

En matière de prévision, il faut être le plus juste possible. Cherchez à ne pas être trop optimiste. On l'a vu pendant la pandémie quand le prêt garanti par l'Etat s'est mis en place. Un banquier reste un banquier. Même en période de pandémie, il a continué à demander un prévisionnel de trésorerie aux entreprises qui demandaient un PGE car le banquier prenait quand même un petit risque. Il continuait à s'assurer de la pérennité de l'entreprise même si c'était difficile. On a vu beaucoup de chefs d'entreprise qui "gonflaient" leurs chiffres, leur prévisionnel de trésorerie et étaient un peu trop optimistes sur la date de reprise. On a vu des restaurateurs qui avaient prévu dès la réouverture de leur restaurant, qu'ils auraient autant de clients que ce qu'ils avaient avant la pandémie. Dans le cadre de la médiation du crédit, on leur expliquait qu'à la réouverture, ils n'auraient pas forcément un retour immédiat de toute leur clientèle historique.

Les prévisions, c'est compliqué mais il ne faut pas que ce soit disproportionné sinon on arrive à un effet inverse. Un banquier est rassuré par un prévisionnel de trésorerie mais si il est irréaliste, cela l'inquiète. Il se dit : est-ce que mon client a réalisé ce prévisionnel pour que je lui prête absolument de l'argent ? Ou est-ce qu'il n'a aucune notion de son business model ou aucune visibilité ? Il ne faut pas surévaluer les rentrées d'argent ou sous-estimer les charges. Actuellement, vous intégrez les anticipations d'inflation dans votre prévisionnel de trésorerie. Aujourd'hui, cela peut être un argument à l'égard de vos clients : vous ne pouvez plus accorder des délais de paiement trop longs car vos charges s'alourdissent et vous devez avoir des liquidités.    

Surveiller son marché : un prévisionnel de trésorerie et des anticipations de rentrées d'argent démontrent que vous connaissez la situation de votre marché (l'évolution de la réglementation par exemple).

Est-ce que votre activité, votre business model sont viables ? Quand vous dirigez une jeune entreprise, le REX n'est pas forcément positif car vous êtes en période de conquête de marché, de recherche de clients mais cela ne peut durer éternellement. 

Il y a eu des starts up qui présentaient des business model qui étaient largement déficitaires pendant des années. Cela ne les empêchait pas de trouver du financement. Ce modèle est un peu terminé même pour des start up. Les investisseurs, les banquiers ont une autre approche. Il faut quand même parvenir à leur prouver que votre compte de résultat négatif ne va pas durer éternellement. Le REX est le signe de la bonne santé de votre entreprise et surtout de la pertinence de votre business model.         

On rencontre des entreprises qui connaissent une croissance importante mais ne maîtrisent pas cette croissance. Elles embauchent beaucoup de gens pour faire face aux commandes, pour faire face à la commercialisation des produits mais qui embauchent un peu trop. Il peut y avoir une perte de maîtrise des charges de personnel, les salaires versés et les charges de l'employeur. Là, on aura un REX qui va rester négatif ou devenir négatif avec des produits d'exploitation qui certes, augmentent mais avec des charges d'exploitation qui augmentent encore plus. On le voit couramment.

Je fais abstraction des problèmes actuels de recrutement mais il y a quelques années, lorsque le recrutement n'était pas si difficile, on a eu des entreprises qui se faisaient prendre de vitesse par l'accroissement de leur activité et des charges d'exploitation qui augmentent plus que proportionnellement par rapport à leurs produits. Et là, on retrouve cette notion de gestion de trésorerie. Il faut bien être attentif à cela. 

En général, pour l'exploitation, on a une ligne de découvert mais si cela ne suffit pas, il y a l'emprunt. Des emprunts bancaires pour assurer l'exploitation, il faut que cela soit occasionnel car cela signifie que ni votre trésorerie ni votre découvert ne sont suffisants pour votre exploitation au quotidien. Il faut donc revoir le business model. 

Un découvert n'est pas forcément un problème. Il s'agit d'une souplesse mais il ne faut pas que le découvert augmente inconsidérément sinon il y a un problème de trésorerie. Il y a des chefs d'entreprise qui n'ont pas ligne de découvert autorisé et ils s'en portent très bien. J'ai aussi des chefs d'entreprise qui utilisent leur découvert en permanence mais de façon mesurée. 

Avec la hausse des taux actuels, si vous avez des difficultés à financer votre activité au quotidien, il y a le recours au découvert voire à l'emprunt mais cela commence à coûter cher. Le banquier raisonne en risque donc plus le taux est important, plus il va se rémunérer mais plus la charge financière est lourde pour votre entreprise et plus il prend de risques. Donc il devient compliqué d'emprunter. D'où l'importance d'un suivi régulier de votre trésorerie qui maintiendra sa confiance pour qu'il continue à vous prêter. 

Il y a aussi l'affacturage : cela a un coût mais c'est une souplesse pour la gestion de votre trésorerie. Si vous avez une majorité de clients qui paient à 60 ou à 90 jours, vous pouvez vous adresser à un factor qui va racheter vos créances clients moyennant une commission. J'ai une entreprise de travail temporaire qui cède à son factor, la totalité de ses créances client. Cela lui coûte de l'argent mais cela lui permet de disposer de liquidités en permanence. Quand vous avez une créance de la part d'un client qui doit vous payer dans deux mois par exemple, vous portez le risque pendant deux mois qu'il ne vous règle pas à l'échéance ou seulement en partie. Si vous cédez cette créance à un factor, vous ne portez plus le risque. Certes, vous avez payé une commission à un factor mais non seulement vous recevez de la liquidité immédiatement et en plus, vous ne portez plus le risque. Vous ne vous préoccupez plus de l'encaissement de votre créance. L'affacturage permet de se décharger de la gestion du risque client en plus d'apporter des liquidités immédiatement. Cela a un coût mais se négocie également. 

La gestion quotidienne et prévisionnelle de trésorerie : un exercice laborieux mais salutaire

Le suivi de trésorerie est chronophage, laborieux mais salutaire. Il permet de renforcer votre solvabilité, c'est-à-dire la capacité à rembourser vos emprunts et des partenariats équilibrés.

La solvabilité est la capacité de votre entreprise à honorer ses dettes, soit à faire face à ses échéances financières, à ses remboursements d'emprunts. Cela se rapproche de la gestion de trésorerie. Les ratios de solvabilité sont liés à la gestion de trésorerie. Ce sont des ratios de suivi de votre activité et que votre banquier utilise, que vos investisseurs vont calculer.

Plus vous rassurez votre banquier, plus il sera enclin à vous prêter de l'argent. Cela peut permettre de négocier ce que coûtent les services bancaires. Si vous avez un excédent de trésorerie, vous souhaitez le placer et vous pouvez faire jouer la concurrence. C'est de la négociation et cela montre que vous avez une vision claire de votre activité.   

Pour en savoir plus en matière d'éducation financière : le portail de ressources de la Banque de France

Mes questions d'entrepreneur.com : https://www.mesquestionsdentrepreneur.fr/

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savoir gerer sa tresorerie
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